Les types de daltonisme

Par Nicolas Deleplace

On pense souvent, à tort, qu’il n’existe qu’un daltonisme. J’ai moi-même longtemps cru qu’il n’existait que des nuances d’intensité de daltonisme. En réalité, il en existe 7 types principaux que nous allons détailler ici.

Qu’est-ce que le daltonisme ?

Le daltonisme est le mauvais fonctionnement d’un ou plusieurs types de cônes photorécepteurs. Comme expliqué dans l’article sur la vision des couleurs, il y a 3 types de cônes dans l’œil humain qui permettent notre vision des couleurs. Ces cônes réagissent à différentes longueurs d’ondes (donc à différentes couleurs), et leur association permet de visualiser le spectre du visible. Ces 3 types de cônes ont une réception maximale sur les 3 couleurs primaire en vision : bleu, vert et rouge.

Pour en revenir à la définition, le daltonisme affecte donc le fonctionnement d’un ou plusieurs de ces cônes, plus ou moins fortement.

On entend souvent parler de daltonismes rouge-vert et bleu-jaune. En réalité, les daltonismes rouges-verts se décomposent en 4 familles, et les bleus-jaunes en 2 familles.

Pour référence, le spectre du visible pour une vision normale est celui-ci :

Les daltonismes « rouges-verts »

Les daltonismes « rouges-verts » sont les plus courants et même souvent considérés comme « le » seul daltonisme. Cela s’explique par le fait qu’ils sont transmis par le chromosome X de la mère et que le gène est récessif. (Si vous voulez mieux comprendre ce charabia, je vous conseille l’article Pourquoi est-on daltonien ?)

Deutéranopie

La deutéranopie est l’absence totale de fonctionnement des cônes « verts ». Elle touche un peu plus d’1 homme sur 100 et 1 femme sur 5 000. La deutéranopie peut se résumer en l’absence de vert dans les mélanges de couleurs.

Protanopie

La protanopie est l’équivalent de la deutéranopie mais pour les cônes « rouges » qui sont manquants. Avec une répartition d’également 1 homme sur 100 mais d’1 femme sur 10 000, elle est légèrement plus rare. C’est le rouge qui est cette fois absent des mélanges de couleurs.

Deutéranomalie

La deutéranomalie est, comme la deutéranopie, un dysfonctionnement des cônes « verts ». Cependant, ce dysfonctionnement n’est pas total mais partiel. On appelle les daltoniens de ce genre des trichromates anormaux. La deutéranomalie touche 1 homme sur 20 et 1 femme sur 300, ce qui en fait le daltonisme le plus courant. Elle se traduit par une mauvaise appréciation des verts (plus ou moins forte selon les individus).

Protanomalie

La protanomalie est également une forme de trichromatie anormale. Cette fois-ci elle touche les cônes « rouges ». Avec 1 homme sur 100 et 1 femme sur 3 000, c’est le troisième daltonisme le plus courant. On a cette fois le rouge qui est plus ou moins visible dans les mélanges. Il est notamment beaucoup plus terne que chez les personnes à vision normale.

Les daltonismes « bleus-jaunes »

Les daltonismes « bleus-jaunes », extrêmement moins courants que les précédents sont souvent mis à part, voir complètements oubliés des tests et des recherches sur le daltonisme. C’est malheureux mais c’est souvent le cas des affections ne concernant qu’un petit nombre d’individus. Cette anomalie n’étant pas liés aux chromosomes sexuels, il y a autant de chance de l’avoir en étant un homme ou une femme.

Tritanopie

La Tritanopie est une absence complète de fonctionnement des cônes « bleus ». Elle affecte 1 homme sur 30 000 et 1 femme sur 30 000 également. Cette fois-ci, les bleus sont absents des mélanges, ce qui fait un spectre du visible beaucoup plus restreint (les verts et les rouges étant proches, ils se compensent légèrement dans les daltonismes « rouges-verts »).

Tritanomalie

Voyons maintenant la troisième et dernière famille de trichromaties anormales. La tritanomalie affecte également les cônes « bleus » en partie. Encore une fois, comme cette affection est partielle, elle varie d’un tritanomal à l’autre !

L’achromatopsie

Enfin l’achromatopsie est l’absence totale de fonctionnement des cônes. Elle se traduit par une vision sans couleur, uniquement en nuances de gris. Avec une prévalence d’1 humain sur 30 000 elle est aussi rare que la tritanopie.

Combinaisons et degrés de daltonisme

Les daltonismes sont donc répartis parmi les 7 familles ci-dessous :

Cependant, il est tout à fait possible qu’une même personne soit atteinte de plusieurs daltonismes, comme c’est mon cas. (Lire Pourquoi est-on daltonien ? pour savoir comment cela est possible.)

Cela amène donc les comptes à 46 possibilités de daltonismes (les 7 seuls, 24 possibilités de « double daltonisme », 15 possibilités de « triple daltonisme »).

Cela semble déjà suffisant, mais à cela se rajoute le fait que chaque daltonien trichromate anormal peut être affecté à un degré différent. Cela rend donc les possibilités infinies. C’est pour cela qu’on ne peut définir une image vision daltonien / vision normale fonctionnant avec tout le monde, car même atteints de la même anomalie, 2 daltoniens ne vont pas avoir exactement la même vision des couleurs !

Répartition

Dans les pays occidentaux, la répartition des daltonismes est la suivante :

TypePrévalence HommesPrévalence Femmes
Deutéranopie1.27%
1 homme sur 100
0.01%
1 femme sur 10 000
Protanopie1.01%
1 homme sur 100
0.02%
1 femme sur 5 000
Deutéranomalie4.63%
1 homme sur 20
0.36%
1 femme sur 300
Protanomalie1.08%
1 homme sur 100
0.03%
1 femme sur 3 300
Tritanopie0.003%
1 homme sur 30 000
0.003%
1 femme sur 30 000
Tritanomalie0.01%
1 homme sur 10 000
0.01%
1 femme sur 10 000
Achromatopsie
(pas de différence homme/femme)
0.003%
1 humain sur 30 000
0.003%
1 humain sur 30 000
Les répartitions sous les pourcentages sont des ordres de grandeurs. Par exemple, j'ai trouvé plus représentatif d'écrire que 0.36% correspond à une femme sur 300 que'à une femme sur 278.

Conclusion

J’espère que cet article vous aura permis d’appréhender la grande diversité de daltonisme existants chez l’Homme. S’il vous a plu merci de le partager sur vos réseaux sociaux et n’hésitez pas à me faire part de vos avis en commentaires.