Faut-il cacher son daltonisme en entretien d’embauche?

Par Nicolas Deleplace

Il n’y a pas si longtemps, j’ai écumé les bureaux de recruteurs en tout genre et je me posais souvent une question : « Dois-je parler de mon daltonisme ? ». Après avoir demandé conseil à mes proches et après pas mal de réflexion, j’en ai tiré quelques conclusions que je voulais partager avec vous.

Premier réflexe : le cacher

Avant d’y réfléchir, je « cachais » naturellement mon daltonisme, me disant que c’était forcément un point qui ne pourrait m’attirer que du négatif et, au mieux, aucun avantage. Ma réflexion était basée sur le fait que je vois moins bien que la plupart des autres et que cela pourrait jouer en ma défaveur. Je m’imaginais que le recruteur penserait devoir adapter les méthodes de travail, réduisant donc la productivité.

De plus, je me disais que certains métiers pourraient être interdits aux daltoniens (oui je n’avais pas encore écrit les métiers (in)accessibles aux daltoniens). Cela me faisait encore plus peur d’être recalé pour ce seul motif.

Ces deux arguments me semblaient suffisants pour ne pas dévoiler ma particularité.

Mais il s’avère en fait que dans la majorité des personnes ne pensent à s’adapter au daltonisme, et pour une fois, c’est à notre avantage ! En ce qui concerne les métiers inaccessibles aux daltoniens, ma bêtise était double : non seulement ces métiers sont (très) rares, mais si par malheur le poste pour lequel je postulais en faisait partie sans que je le sache, je m’exposais à une incapacité de faire le travail pour lequel j’aurai été embauché !

En y réfléchissant bien, je me suis donc rendu compte qu’il n’y avait aucun réel avantage à ne pas parler de mon daltonisme. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu’il serait bénéfique pour moi de le faire !

Les raisons de parler de son daltonisme

Attirer l’attention

Quand le courant passe bien, j’aime bien avoir comme première réponse à la fameuse question sur mes défauts : « Je suis daltonien » et dans tous les cas ma première qualité est : « Je suis daltonien ». Dans tous les cas, cela permet de surprendre son interlocuteur et de l’amener à se poser des questions. C’est un petit tour mental qui permet de titiller la curiosité de l’autre (tout comme les bonnes vignettes YouTube par exemple). En plus de cela, cela me permet d’introduire le point suivant :

Illustrer des qualités

Je développe donc la partie qualité : vivre dans un monde dans lequel les non-daltoniens n’ont pas conscience de l’importance inconsciente des codes couleurs oblige à développer une grande logique et le sens de la débrouillardise. C’est un fait totalement avéré et cela permet de raconter une histoire plutôt que de simplement répondre de manière directe en faisant une simple liste de qualités. Selon l’intérêt que porte le recruteur à cette explication, vous pouvez approfondir et passer au point suivant :

Intéresser le recruteur et se démarquer

Il ou elle vous pose des questions sur le daltonisme ? Jackpot !  Sortez quelques chiffres, des faits intéressants (rubriques autour du daltonisme et comprendre le daltonisme) et montrez lui quelques images de vision des daltoniens que vous aurez préparé sur votre téléphone (vous en trouerez quelques unes ici). A ce moment vous sortirez définitivement du lot, vous aurez son intérêt et, à moins de postuler pour un poste où vous seul avez les compétences requises, un bon feeling est primordial dans un entretien d’embauche. La plupart du temps il y aura d’autres candidats au profil professionnel similaire au votre et dans ce cas, le relationnel est le point décisif sur lequel se démarquer et parler de votre daltonisme peut largement y contribuer.

Avoir un point commun avec le recruteur

N’oubliez pas qu’un homme sur douze et une femme sur 200 sont daltoniens. Pourquoi ce rappel ? Si votre interlocuteur n’est pas lui-même daltonien, il y a d’énormes probabilités qu’il en connaisse au moins un. Que ce soit un membre de la famille, un collègue ou un ancien camarade, dans tous les cas cela lui permet de vous identifier à quelqu’un qui lui est proche. Cela l’intéressera d’autant plus qu’il découvrira des choses concernant son entourage. Et encore une fois, c’est un point de plus dans votre poche pour gagner sa sympathie !

Montrer son intérêt pour le poste

Le poste que vous convoitez présente des obstacles pour les daltoniens ? Parfait ! Voilà une superbe occasion de montrer que vous avez préparé votre entretien et que le poste vous intéresse. Réfléchissez en amont aux solutions à apporter et vous prouverez votre proactivité au recruteur. Pour lui c’est une belle preuve d’engagement, vous n’êtes qu’au premier stade de recrutement mais vous réfléchissez déjà aux moyens d’accomplir au mieux vos futures tâches.

Détendre l’atmosphère

Enfin un dernier point qui n’est pas des moindres, parler du daltonisme permet aussi de faire un aparté sur un sujet moins stressant, permettant de dévier légèrement les projecteurs de votre personne et être un peu plus en confiance.

En conclusion

Bien que contre-intuitif, le fait de parler de son daltonisme en entretien semble présenter une multitude d’avantages et aucun inconvénient ! En tout cas, depuis que j’ai adopté cette technique, j’ai trouvé que mes derniers entretiens se sont extrêmement biens déroulés (et ont aboutis à une embauche que j’ai choisi !). Si vous avez des expériences à partager n’hésitez pas à les partager en commentaires ou à m’écrire. Si cet article vous a été utile n’hésitez pas à le partager pour en faire profiter un maximum de personnes.