Détecter et mesurer le daltonisme

Par Nicolas Deleplace

Depuis l’officielle découverte du daltonisme en 1807 par John Dalton, de nombreux tests ont été créés pour le déceler. Certains permettent même d’évaluer l’ampleur du daltonisme, plus ou moins précisément. Dans cet article, nous verrons différents tests et je vous donnerai mon avis sur chacun d’eux.

Le fameux test d’Ishihara

Il est impossible que vous soyez passés à côté de celui-ci! Que vous connaissiez ou non sa dénomination, le test d’Ishihara est le plus connu de tous.

Test d’Ishihara

Le test consiste à montrer des ronds composés de points colorés dans lesquels sont inscrits des chiffres ou des chemins plus ou moins visibles selon le daltonisme. Il permet de déceler les déficiences des cônes « rouges » (deutéranopie et deutéranomalie) et des cônes « verts » (protanopie et protanomalie) mais pas celle des cônes « bleus » (tritanopie et tritanomalie)..

Le test comporte 38 plaques et doit être effectué avec une lumière blanche, au mieux la lumière du soleil. Sur ordinateur, il est optimal de réaliser le test sur un écran led ou lcd, qui est capable de reproduire le spectre du visible pour l’œil humain.

Mon avis sur le test

Le test d’Ishihara est un excellent moyen de déceler les daltonismes « rouges-verts ». Il est simple, rapide et pas très compliqué à interpréter avec les bonnes informations. C’est avec ce test qu’on a détecté mon daltonisme.

Faire le test

Vous pouvez faire le test ici sur ce site.

Si vous préférez la version papier vous la trouverez sur Amazon, en version 24 plaques ou 38 plaques (je vous préviens, c’est pas donné!)

Tests similaires

Il existe de nombreuses variantes au test d’Ishihara, dites pseudo-isochromatiques. Vous pouvez par exemple générer vos propres tests d’Ishihara et bien d’autres. Le programme n’est pas parfait, notamment vis-à-vis des images visibles par les daltoniens uniquement, mais il est tout de même génial !

La variante la plus aboutie à ma connaissance est l’Atlas Explorateur® de la Perception des Couleurs. Ce test a été élaboré par la société Colorlite Ltd®. Dans le même principe que le test d’Ishihara il faut distinguer des cercles ouverts et donner leur sens. Les deux avantages de ce test, en comparaison à celui d’Ishihara, sont, la possibilité de le faire passer à un enfant ou une personne ne sachant pas lire ainsi qu’une plus grande précision sur le degré de daltonisme. En plus, ce test prend en compte les déficiences de type tritan (cône « bleu »). Pour avoir moi-même effectué ce test, je confirme qu’il est très « agréable » car facile et rapide. Le test est disponible sur le site de Colorlite.

La complète classification de Farnsworth-Munsell

Inventé en 1943 pour certaines usines américaines voulant détecter des troubles des couleurs chez leurs travailleurs, le test de Farnsworth-Munsell consiste à faire classer au sujet des couleurs.

Test original de Farnsworth-Munsell

Le sujet est devant une suite de couleurs dont la première et la dernière sont fixes. Il doit placer les couleurs intermédiaires dans l’ordre des nuances.


On voit ici 3 exemples de courbes possibles

En fonction du classement, les erreurs sont relevées sur un graphique qui met en évidence le(s) daltonisme(s) du sujet.

Moins on distingue les couleurs, plus les points de la courbe sont situésvers l’extérieur du cercle.

Plusieurs points dans la même partie du cercle montrent un daltonisme.

Mon avis sur le test

Ce test est déjà très compliqué à mon sens. En plus de ça, je trouve ses résultats moyennement parlants. En effet, si on confond 2 couleurs, on a 1 chance sur 2 de les mettre dans le bon ordre. Vu le nombre de pastilles à classer, un vrai daltonien aura forcément des erreurs, mais un même daltonien aura rarement les mêmes résultats au test s’il le fait plusieurs fois.
En résumé : le test est fastidieux mais il fait bien son job pour détecter les différents daltonismes. Il ne permettra pas précisément de mesurer ces daltonismes mais ce n’est pas son but premier.

Faire le test

Vous pouvez faire le test en ligne (c’est en anglais, je m’attèle à en faire une version française sur ce site)

La controversée lanterne de Beyne

Le test de la lanterne de Beyne est un test français utilisé dans l’aviation et la marine. Celui-ci a pour but de permettre à certains daltoniens de prétendre à des métiers qui leur semblent interdits. En effet, suite à un daltonisme détecté au test d’Ishiara, on peut réaliser ce test afin de voir si la distinction des couleurs importantes pour lesdits métiers est suffisante.

Le test consiste à envoyer 5 couleurs (blanc, jaune-orangé, vert, bleu et rouge) selon un angle précis pendant 1 seconde. Le sujet doit dire la couleur perçue et n’a pas le droit à l’erreur ou à la rectification.

Ce test est assez controversé du fait que certains non daltoniens peuvent échouer au test. De plus la luminosité est extrêmement importante. Cela explique qu’une même personne peut avoir des résultats différents selon les conditions.

Mon avis sur le test

Bien qu’il soit compliqué et que les résultats sont controversé, je trouve que l’idée de la lanterne de Beyne (et des autres dispositifs similaires à l’étranger) est excellente. En effet, cela permet d’ouvrir les portes à des métiers dont on pense qu’ils sont inaccessibles aux daltoniens. Avec ces test, on peut être daltonien mais différencier tout de même les couleurs utiles dans le métier.

Faire le test

Ce test peut être fait chez certains ophtalmologue civils et lors des visites médicales d’admission à certains métiers de l’armée.

Le précis anomaloscope

L’anomaloscope est un moyen de préciser le degré de daltonisme pour les daltoniens « rouge-vert » (la tritanopie n’a pas la côte dans les tests!).

Anomaloscope

Créé à l’aube des années 1900, l’anomaloscope utilise l’addition des couleurs pour jauger le daltonisme. Pour ce test, on regarde dans un oculaire qui vise un cercle coupé en 2. La moitié inférieure est jaune et ne bouge jamais tandis que la moitié supérieure est un mélange de rouge et de vert. Le ratio rouge/vert de la partie haute est incrémentée pendant l’expérience sur 74 positions, allant de totalement rouge à totalement vert. L’œil normal ne voit pas de différence entre le jaune pure et une certaine combinaison de rouge et de vert (pour savoir pourquoi, voir l’article « La vision des couleurs« ) , qui correspond sur l’anomaloscope à la position 40.

Exemples de combinaisons possibles (la partie inférieure est toujours la même)

Le degré de daltonisme est donc déterminé à partir de la plage de positions pour lesquelles le sujet ne voit pas de différence entre les 2 parties du cercle.

Il existe également un autre anomaloscope, développé au Japon, qui permet de détecter les déficiences du cône bleu.

Mon avis sur le test

Bien que je n’aie pas encore eu l’occasion de le tester moi-même, l’anomaloscope est un excellent moyen de mesurer le daltonisme. Il repose sur un principe physique simple et est de fait efficace. Le seul inconvénient : c’est un appareil onéreux que tous les opticiens n’ont pas.

Faire le test

Ce test se fait uniquement en institut. Si vous souhaitez le faire, n’hésitez pas à demander par téléphone quelle version de l’anomaloscope est disponible (s’il y a la version tritan). Si vous connaissez des adresses où ce test est pratiqué, merci de me les indiquer en commentaire, je les ajouterai à l’article pour les intéressés.

Le pertinent « City University Colour Vision Test » (C.U.V.T)

Le C.U.V.T est très simple, il se base sur la définition pratique du daltonisme : on ne peut pas différencier certaines couleurs. Le test consiste donc à monter des ronds de couleurs et de déterminer si le sujet peut ou non en différencier certains.

Dans une première partie 3 cercles sont alignés et le but est de trouver celui qui est différent des autres.

Dans un deuxième temps, les ronds sont sous forme de croix et le sujet doit déterminer quelle extrémité est de la même couleur que le centre.

Exemples de test du CUVT

Les résultats sont ensuite analysés sur la base d’une grille qui donne le type de daltonisme en fonction des réponses.

Mon avis sur le test

Ce test est assez complet et est l’un des rares prenant en compte les déficiences du cône « bleu ». Malheureusement, il est extrêmement cher. Pour avoir une idée du déroulement du test vous pouvez regarder la vidéo City University Colour Vision test sur YouTube.

Faire le test :

Vous pouvez également acheter le test en anglais sur le site de l’éditeur ou chez Grafton optical (très, très onéreux !!)

Conclusion

Il existe encore de nombreux tests que je n’ai pas évoqué ici car leur nombre est assez impressionnant! Si vous pensez qu’un test vaut la peine d’être ajouté à cette page n’hésitez pas à me le faire savoir en commentaire.